Après le bagne !

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APRÈS LE BAGNE !

Ce sont des Martiniquaises, amenées à Cayenne par de vieilles procureuses qui les livrent à la prostitution. La même patronne possède j u s ­ qu'à douze de ces jeunes esclaves qui rapportent de gros profits. On les entretient à peu de frais : une poignée de couac (1) et un peu de bacaliau{2) constitue leur nourriture. P o u r tout vêtement, elles portent une robe d'indienne et un mouchoir de couleur enveloppant la tête. De chaussures, il n'en faut point parler. « Ça les empêcherait de marcher ». Quant au logement, on les parque toutes ensemble dans une grande pièce ayant, pour literie, des nattes étendues à terre. Elles sont rudoyées ou choyées suivant la somme qu'elles rapportent. P o u r peu que l'homme qui leur achète un verre de mabi les regarde avec complaisance, elles s'offrent à satisfaire son désir, mais en échange de quelques piécettes. « Si to oulé mon co, to ba mo sous maqués » disent-elles. Cela signifie, en d'autres termes : (1) F a r i n e de m a n i o c .

(2) Morue séchée.


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