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LA
D É P O R T A T I O N
D E S
D É P U T É S
trop fameux auteur des lois les plus atroces de la révo lution. R... n'hésita point, il abonda dans le sens de M... Mais B..., craignant des suites fâcheuses, laissa au patriarche de la Théophilanthropie (1) l'honneur de pro noncer avant lui : le bon apôtre hésitait lorsque S..., entraîné par la force d e l'adage de B..., que les morts seuls ne reviennent pas, proposa tout simplement de fusiller les importuns au n o m b r e d'une quarantaine. H e u r e u s e m e n t que cette mesure effraya le patriarche et surtout D..., devenu depuis ministre de la police (2) ; ils en trouvèrent l'exécution dangereuse pour eux. U n m o y e n , dont les résultats seraient les m ê m e s , mais qu'on pourrait couvrir d u voile de la philanthropie, leur paraissait préférable. D a n s cette incertitude o n remit à délibérer sur ce m o y e n après la victoire. O n s'en occupa aussitôt que nous fûmes arrêtés. M ê m e émulation d'atrocité entre les assassins : u n d'eux cependant laissa échapper le m o t de jugement. L'assemblée entière s'insurgea contre l'imprudent conseiller : « Veux-tu donc nous perdre? s'écria F... O ù trouver « des preuves et des juges? D'accusés ils devien« draient bientôt accusateurs : l'esprit public est trop « mauvais pour courir une chance aussi périlleuse. L a (1) Larevellière. Les initiales R . et B . sont celles des d e u x autres directeurs, R e w b e l l et Barras. S. s e m b l e désigner
Sieyès, u n des
cinq rédacteurs d u décret d e proscription qui suivit, o u peut-être le ministre Sotin. M . s'applique certainement à Merlin d e D o u a i , alors ministre d e la justice, et q u e le 18 Fructidor fit directeur; il avait e u u n e g r a n d e part à la loi des suspects et à celle qui établit le tribunal révolutionnaire. F., qu'on trouvera plus bas, peut s'ap pliquer à F o u c h é . O n s'explique q u e l'auteur n'ait pas usé, en 1 8 2 1 , de désignations plus claires : Merlin jouissait en 1821 d'une g r a n d e
n'est m o r t qu'en
1 8 3 8 , et il
autorité d e jurisconsulte; F o u c h é
venait seulement d e mourir l'année précédente, et il avait o c c u p é sous le règne d e Louis X V I I I les hautes situations d e ministre et d'ambassadeur. —
{Note des éditeurs.)
(2) D o n d e a u , ministre d e la police (13 février-16 m a i 1798), o u D u v a l , id. (29 octobre 1798-23 juin 1799). — (Note des éditeurs.)