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LA
DÉPORTATION
DES
DÉPUTÉS
jour revenir à la monarchie, ne serait-il pas désirable pour le bonheur et la tranquillité de la France, de recouvrer
des princes devant
lesquels se tairaient
toutes les ambitions, disparaîtraient toutes les préten tions? Si au contraire l'armée disposait de la couronne, ainsi que nous en s o m m e s menacés, n'aurions-nous pas à craindre le sort de la Macédoine, que les généraux d'Alexandre se partagèrent après sa mort, ou celui des R o m a i n s , lorsque l'Empire devint le prix des intrigues des chefs de légion, dont la plupart n'arrivèrent au trône que par la révolte et le crime? Pensez-vous d'ail leurs qu'un Roi parvenu affectionnât plus tendrement qu'un Roi légitime les destructeurs des Rois? Néces sairement plus o m b r a g e u x , il serait peut-être beau coup moins indulgent qu'un Bourbon, à qui sa position autant q u e la bonté caractéristique de cette famille conseillerait le pardon d u passé. —
Jamais vos raisonnements, dit Carnot, quelque
captieux qu'ils soient, n e m e convaincront de cette indulgence : j'aurais dans m a poche m a
grâce bien
cimentée de la parole royale, que je n'y aurais pas de confiance : le lendemain de son élévation au trône, le R o i serait peut-être obligé de la révoquer. —
Q u e je vous plaindrais, citoyen, d'être en proie à
de pareilles alarmes, si nous ne discutions pas sur une chimère ! R e v e n o n s donc à l'objet de m a démarche : vous voyez qu'on nous pousse vers l'anarchie ou le despo tisme militaire, les plus cruelles de toutes les tyran nies : voilà le danger auquel il faut échapper aujour d'hui, et c'est à vous que le sort a réservé l'honorable avantage
de préserver la France de ces
nouveaux
fléaux. Réunissez-vous franchement à votre collègue Barthélemy; saisissez les armes que vous présente la Constitution contre les conspirateurs, suivez avec nous et de b o n n e foi la route qu'elle vous trace, et cette patrie, q u e vous dites tant chérir, vous devra son salut.