CHAPITRE CINQUIÈME.
Musique. — J e a n n e t . — B u r n e l . — O n
nous
Sinnamari pour C a y e n n e . — R e t o u r
fait partir
de
à Sinnamari.
DEPUIS deux ans je n'avais entendu aucun instrument de musique; m e s oreilles étaient fatiguées d u chant ingrat des pintades , et toutes les nuits les chœurs discordans et rauques des singes rouges troublaient m o n
sommeil. Leurs
cris sont soutenus par le râle des énormes crapauds qui, en se gonflant, élancent d u
fond
des marais u n son grave assez semblable à celui des serpens de cathédrale. Les pipeaux m é lancoliques des sauvages m'étaient devenus importuns. U n matin , je fus tout à coup frappé des sons mélodieux de deux flûtes traversières , les premières peut-être qui aient résonné dans ce canton. C'était à deux déportés, assez bons m u siciens, que je devais cette jouissance inattendue. Ilsexécutaient des airs que je connaissais. Je suspendis m o n travail pour les écouter. Je m e rappelai les beaux opéras d'Italie, les magnifiques symphonies de l'Allemagne, les concerts de Paris.