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CHAPITRE
IV.
condition aussi basse était indigne de cet h o n neur. L e peuple fut si mécontent d'avoir prostitué cette peine , qu'il l'abolit pour toujours ( 1 ) . Les magistrats avaient m ê m e
déjà cessé d'en
poursuivre l'exécution avec rigueur. « J'ai v u , » dit Platon ( 2 ) , des h o m m e s c o n d a m n é s à l'exil » demeurer i m p u n é m e n t chez e u x , se p r o m e » ner dans la ville, au grand mépris des lois et » des magistrats. » Plutarque a conservé des formules de d e m a n d e s faites au peuple d'Athènes par des citoyens qui l'avaient fidèlement servi. L a requête présentée par Démosthène mérite d'être citée. « D é m o c h a r è s d e m a n d e pour D é » mosthène u n e
statue de bronze, bouche à
» court à l'hôtel-de-ville (3), et le premier lieu » aux séances d'honneur pour lui et l'aîné de ses » descendans à perpétuité, parce qu'il a toujours » été bienfaiteur d u public. » Vient ensuite rénumération de tout le bien qu'il a fait, et il ter-
( 1 ) P L U T A R Q . , In N i c i a et A t i s t . ( 2 ) P L A T . , De (3) Traduction
R e p . , LIV. viii. d'Amyot,
dont on
loue avec raison la
naïveté, la grace et aussi l'énergie ; mais on ne conçoit pas c o m m e n t on pouvait d e m a n d e r pour u n h o m m e mort , b o u che à court et la première place aux séances d'honneur , à moins que ce ne fût u n e formule consacrée, et q u e la grace ne pût être transférée aux enfans que sous le n o m d u père, m ê m e après sa mort.