Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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per quelque citoyen, coupable ou non. Q u i ne sait l'aventure d'Aristide ? et cependant elle ne peut être omise ici. L'assemblée avait été convoquée pour condamner quelqu'un par l'ostracisme. U n paysan de l'Attique y vint, et, ne sachant pas écrire , il pria u n citoyen , qu'il ne connaissait pas, d'écrire pour lui le n o m

d'Aristide. C'était à

Aristide m ê m e qu'il s'était adressé. «Et pourquoi » le condamnez-vous?lui dit celui-ci. » —

«Parce

» que je suis las de l'entendre appeler le Juste. » L'ostracisme éloignait aussi des h o m m e s dont l'ambition, les richesses o u la puissance alarmaient des rivaux, o u donnaient de l'ombrage au peuple ; mais il n'était presque jamais accompagné de sévérité. Les biens n'étaient ni confisqués , ni séquestrés , et toutes les nations accueillaient avec honneur celui dont la peine m ê m e était le plus souvent u n h o m m a g e rendu à ses vertus. Aristide se retira à Lacédémono , où il trouva une seconde patrie. Jusqu'au temps d'Alcibiade, l'ostracisme n'avait frappé que des citoyens considérables. Hyperbolus, h o m m e généralement méprisé, entreprit de le faire bannir; mais Alcibiade eut l'adresse de détourner la condamnation contre son accusateur. L'ostracisme fut avili par cette nouveauté , et on lit dans Platon , le poète comique , qu'un h o m m e

d'une


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