Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE

IV.

mais , dans bien des cas , cette intervention ne servit qu'à river les chaînes de l'opprimé. L a police, dans ces états , déporte aussi les gens sans a v e u , les tapageurs et lesfilleslibertines. Elle conserve bien en

même

temps

quelque

apparence de jugement , mais ces formes sont illusoires , et tout châtiment infligé en violation de la loi générale est u n acte de tyrannie. L'exil, dans les monarchies absolues, frappe des têtes plus élevées, des grands ambitieux, des ministres disgraciés , des magistrats sévères o u obstinés ; et , suivant les circonstances , cette peine participe de l'ostracisme o u de la relégation. O n n'exile pas hors d u r o y a u m e , et, à la différence d u bannissement , l'exil ne prive pas le c o n d a m n é des droits d e citoyen. Souvent on l'a v u rappelé par le prince qui l'avait éloigné de sa présence. L'histoire de la m o narchie française en offre b e a u c o u p d'exemples. E n Russie, u n e révolution envoie subitement en exil des ministres , q u i , la veille , étaient tout puissans. O n bannit des innocens qu'on n'oserait faire mourir. L e gouvernement se glorifie de celte fausse clémence,

et il est d'autant

plus p r o m p t à prononcer de semblables condamnations , qu'elles paraissent moins rigoureuses , parce q u e la m o r t m ê m e n'en est pas


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