Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE

er

I .

térieur la tranquillité publique. Dès ce m o m e n t , quiconque donna de l'ombrage à Rewbell, à Barras, fut un perturbateur de l'ordre social. Je crois que les prêtres , en général, avaient beaucoup d'aversion pour u n gouvernement destructeur d'un culte dont ils étaient les ministres, et qui leur avait ôté jusqu'au nécessaire. Mais aux causes générales de proscription , se joignirent des haines, des jalousies privées; et les commissaires du directoire profitèrent sans ménagement de la latitude qui leur était donnée. Il n'y avait point de formes prescrites pour les jugemens : c'étaient tantôt les tribunaux , tantôt les corps administratifs qui les prononçaient, et le directoire les confirmait sans examen. La loi voulait que les arrêtés fussent motivés; mais la plupart de ces motifs étaient si futiles , qu'on croirait que quelques tribunaux, trop faibles pour résister à une influence supérieure, avaient voulu favoriser les condamnés , et leur préparer, dans les jugemens m ê m e , des moyens de réclamation. L'un est condamné pour fanatisme , un autre pour avoir exposé des reliques; celui-ci pour avoir professé des maximes dangereuses, celui-là pour avoir dit la messe ; quelques-uns le sont pour manquer d'attachement à la révolution. Ainsi que nous, plusieurs n'avaient été ni accusés , ni jugés, ni entendus. U n frère avait été


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