Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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niais encore plus tristes. Ovide m o u r u t dans la neuvième année de son exil. Nos relégués m e u rent ici dès la première. O n ne lui cachait aucune nouvelle ; on lui laissait parvenir les journaux d u sénat. Ce n'était point un crime de converser avec lui. Les habitans de T o m e s , les voyageurs étaient invités à sa table hospitalière , et l'affection qu'on lui montrait n'était pour personne un sujet de reproche. Ses papiers ne furent jamais enlevés par des soldats romains ; ils ne le traînèrent point à main armée hors de sa résidence , languissant et malade. Enfin , le proconsul qui avait T o m e s dans son département ne lui adressait point d'injures, ne le contraignit point à laisser là son style , pour prendre la bêche et la h o u e ; il n'insultait point à sa misère par des proclamations emportées. Malheureusement pour la réputation d'Ovide, il s'humilie devant ses persécuteurs : il a dans sa maison une chapelle dédiée à Auguste ; il sacrifie des victimes sur son autel ; il brûle de l'encens devant ses images ; il appelle souvent Auguste le plus grand des immortels, il n o m m e le dieu César, le divin Tibère, la céleste Livie ; il consacre une épître assez longue à décrire le bonheur qu'il a de posséder une médaille frappée à leurs effigies ; tour à tour il s'excuse ou se condamne. Après avoir souvent répété qu'il


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