CHAPITRE
Vendémiaire an VII
II.
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(octobre 1798). — L a
présence des prêtres arrivés en si grand n o m bre à Sinnamari frappa d'épouvante BillaudVarennes. Il nous quitta , cherchant u n refuge d'habitation en habitation. O n lui permettait de tendre son h a m a c sous les galeries ; on lui faisait donner à m a n g e r , et il n'était point reçu à la table des maîtres d u logis. Ce n'est pas sans peine qu'il obtint un refuge dans le canton de Macouria. J'ai raconté qu'un pagani, se précipitant sur sa table, lui enleva sa perruche, et, volant sur u n arbre voisin, la dévora à ses yeux. Il fut vivement é m u de cette perte. Il y avait donc en son cœur quelque germe de sensibilité. Qui oserait dire qu'il ne se croyait pas doué d'une vertu sublime, en immolant ceux qu'il appelait les ennemis de la liberté? Cet h o m m e est criminel à m e s yeux c o m m e
je le suis aux
siens. Entre nous deux, quel est le vrai coupable? 0 conscience! ô vertu! n o n , vous n'êtes ni de vains n o m s , ni des guides trompeurs. Billaud ne peut trouver d'asile, c'est parce que l'effusion d u sang h u m a i n inspire une horreur générale, qu'il soit répandu par l'ambition, la vengeance, par le fanatisme religieux ou politique. Billaud, repoussé de toutes parts, a essayé, pour se distraire, de s'occuper de jardinage, et il a d û y renoncer dès les premiers jours,