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CHAPITRE
II.
O n lisait dans les journaux et dans quelques écrits publiés par le gouvernement, des descriptions séduisantes du climat de la Guyane. » Les » malheurs arrivés dans cette colonie, en 1764, » étaient, disait-on, une suite de la perversité » des ministres d'alors. O n ne devait rien crain» dre de semblable de magistrats humains et » compatissans.» O n ne peut disconvenir que l'émigration de 1764 fut u n malheur public. Le duc de Choiseul s'était imaginé qu'un désert se peuple en vertu d'un édit, et que l'autorité peut, en ces matières, faire l'office de beaucoup d'années; mais on ne pouvait l'accuser que d'imprudence , ou d'avoir, par ignorance et légèreté, converti
en
une
affreuse calamité le bienfait signalé qu'il s'était proposé pour but. Je avais l'occasion, prendre
voulus, puisque j'en des
renseignemens
certains sur cet événement. Quelques habitans de Sinnamari, qui en avaient été témoins, vivaient encore. U n soir qu'avec Morgenstern, Allemand d'origine, je gardais u n de nos m a lades, je priai ce colon de m e dire tout ce qu'il pourrait se rappeler de cette époque. Nous nous assîmes sous u n calebassier voisin de la maison, et il m e parla ainsi : « E n 1 7 6 3 , le ministre français s'alarma des » m u r m u r e s et des m o u v e m e n s qu'excitaient