Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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C H A P I T R E II.

» Les effets des morts ont été enlevés de la » manière la plus scandaleuse. O n a vu ceux » qui les enterraient leur casser les jambes, » leur marcher et peser sur le ventre, pour » faire entrer bien vite leur cadavre dans une » fosse trop étroite et trop courte. Ils c o m m e t » Taient promptement ces horreurs, pour aussi» tôt courir à la dépouille des expirans. Les » infirmiers insultaient les malades, et les acca» blaient d'expressions infames, ignominieuses, » cruelles, au m o m e n t de leur agonie. » Le garde-magasin , dépositaire des effets des » déportés, ne consentait à leur rendre qu'une » partie de ce qu'ils réclamaient, et il leur disait: » Vous êtes morts, ainsi ceci doit vous suffire.» » Il n'avait pas donné de vivres pour le pre» mier envoi de déportés venus de C o n a n a m a » à Sinnamari. Ils étaient exténués en arri» vant ici, et tombaient d'inanition. Il a fallu » les coucher sur la terre, et les malades ont » été dévorés des vers avant d'expirer. Le linge » de l'hôpital a été envoyé sale , infect et pourri. » Il faut m'arrêter et supprimer ces affreux détails; car ces déportés ont souffert ce qu'on n e lirait pas sans un extrême dégoût. Les inventeurs des soupapes de la Loire n'avaient pas été plus inhumains que les exécuteurs de la déportation à la Guyane. Ni les uns ni les autres n'ont


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