Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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C H A P I T R E II.

mois après la visite, l'officier qui commandait à C o n a n a m a écrivit à l'agent en ces termes : « Les déportés, le détachement, les employés, » sont dans un état épouvantable ; tout le m o n d e » est malade, et plusieurs sont près d'expirer. » Ils sont dépourvus de tout, et m ê m e de m é » dicamens. Les déportés ont eu des hamacs » fort étroits, qui n'ont que quatre pieds de » long. Les malades tombent et meurent sans » secours. Il est des jours où il en est mort » trois ou quatre. » Enfin l'établissement fut transféré à Sinnamari le 29 brumaire ( 19 novembre 1798). Nous vîmes arriver les débris de cette colonie détruite en naissant; des vieillards, des malades exténués , chacun portant son paquet et se traînant à peine. Quelques-uns, trébuchant a chaque pas, s'avancèrent devant nous vers des cases préparées à la hâte pour les recevoir. U n d'eux, sortant de la pirogue faible et languissant, tomba dans l'eau près de m a cabane. J'accourus ; je le retirai , et le portai quelques pas. Je succombais sous ce poids, quoique le malade fût très-maigre. U n soldat eut pitié de nous deux et l'emporta jusqu'aux cases. Je n'ai point vu de spectacle plus affligeant que ce débarquement. Des sauvages, témoins de ces affreuses misères ,


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