ANNEXES.
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traire, le malheur de ceux qui m'ont cond a m n é est réparé, les reproches cessent, leurs remords s'apaisent, si je subis u n jugement ; quelle qu'en soit l'issue. J'ai pu fuir de Paris, au
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fructidor; j'ai p u
fuir encore de la
Guyane, avec huit de m e s c o m p a g n o n s d'infortune; mais la force d'ame dont j'ai l'idée, celle que j'ai crue nécessaire pour faire prospérer la république et affermir la constitution , c'est celle que l'aspect de la mort m ê m e
n e peut
ébranler, celle qui brave la fureur de tous les partis, celle enfin qui m e retient à la G u y a n e , au sein de la contagion, en attendant qu'on me juge. O n a vu des factions victorieuses frapper, au moment
d u triomphe, tout ce qui se trou-
vait à leur passage ; la chaleur d u conflit s e m blait excuser ces excès. Mais qu'un gouvern e m e n t établi, consolidé , régulier , prolonge froidement, en violation de toutes les lois, les peines d'un innocent, qu'il l'expose sans nécessité à une mort presque certaine , je ne saurais le présumer. L e pouvoir législatif est illimité en tout ce qui ne touche point au contrat social, à la constitution; mais elle est au-dessus de lui, il ne peut l'enfreindre. Si la nation elle-même veut
la changer, il faut qu'elle le déclare;