Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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ANNEXES.

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nous envoyer au supplice, pour nous c o n d a m ner à des peines dont u n e m o r t trop réelle est la suite, on eût, à défaut de preuves, recours à des tropes(1). D a n s l'embarras de nous trouver coupables, le représentant Bailleul a cru résoudre la difficulté, en disant encore que la lumière ne se prouve pas (p. 19). Je ne sais que répondre. L a lumière ne se prouve pas ! mais le crime se prouve avant le châtim e n t , avant de c o n d a m n e r à la m o r t (2). Il nous objecte des décrets contre-révolutionnaires rendus q u a n d nous assistions aux séances. Ces imputations vagues et générales n'offrent aucune prise à la discussion. J'observerai cependant que l'on comptait habituellem e n t cent cinquante à deux cents m e m b r e s aux séances d u conseil des anciens, et les pro(1) « Je dis que dans les lois, il faut raisonner de la réalite à la réalité, et non pas de la réalité à la figure , o u de lafigureà la réalité; à plus forte raison dans les jugements.» ( M O N T E S Q U I E U , E s p r i t d e s lois, liv. X X X , ch. 16.) (2) « E h ! quel serait, grand Dieu ! le sort des particuliers, s'il était permis de leur faire à leur insu leur procès, et puis de les aller prendre chez eux pour les m e n e r tout de suite au. supplice, sous prétexte que les preuves sont si claires qu'il leur est inutile d'être entendus. » (J.-J. R O U S S E A U , Lettre

à M.

de Saint-Germain.}

• L e m o n d e a toujours tenu pour oppression et tyrannie insupportable d e faire mourir nn h o m m e ou de le livrer au supplice avant jugement. »

( B A C O N , Sentences).


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