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CHAPITRE IX.
1800), deux ans et cinq mois après notre départ de France. Le porte-voix avait annoncé à celui qui c o m mandait à Brest que Laffon et Marbois étaient abord de la Sirène. A. peine avions-nous mouillé, qu'un canot a m e n a
un
gendarme
qui
de-
m a n d a à nous parler. Depuis deux à trois ans , nous étions habitués à voir des messagers de sa profession. Celui-ci tira de sa ceinture une lettre qu'il m e remit, en m e disant d'un air grave et solennel : » Citoyen, j'ai ordre de vous remettre » cette lettre. «Je l'ouvris, n o n sans inquiétude, et prêt à m e rendre à Oléron , s'il le fallait. C'était une invitation pressante que m e faisait M . Najac, ordonnateur-général à Brest , de venir m'établir dans sa maison. A u m ê m e instant, nous nous vîmes entourés de marins et autres personnes de comme
notre
entraînés
connaissance. Nous
fûmes
chez le vice-amiral Bruix.
C h e m i n faisant, chacun nous racontait ce qui s'était si rapidement passé depuis le 18 brumaire , trois à quatre mois avant le jour o ù nous arrivions. Nous ne savions qui entendre. Dans cette multitude de faits , confusément entassés , j'appris celui qui devait m e causer la plus grande joie. Quelqu'un dit, sans savoir l'importance que
son récit avait pour m o i :
» Il a été n o m m é trois consuls , dont deux nou-