Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE IX.

séparation. N o u s jouissions et de notre bonheur et de la joie que notre retour inespéré allait leur causer. Ceux qui observaient d u haut des hunes crièrent tout à coup : « Terre, terre ! voilà la terre ! » et presque aussitôt nous p û m e s distinguer, à la vue simple, les côtes d u Finistère. Bientôt les rochers qui le bordent frappèrent nos regards. Je voyais, j'allais toucher la terre de France; des rocs arides et dépouillés m e parurent surpasser en beauté les plus m a gnifiques m o n u m e n s de l'architecture. Nous venions de reconnaître la côte, q u a n d nous découvrîmes u n petit navire ; il fut chassé et pris. C'était u n corsaire de Guernesey, qui venait lui-même d'amariner une prise française que nous ne p û m e s reprendre. Ces insulaires sont Français d'origine, parlent le m ê m e langage q u e nous, habitent pour ainsi dire u n sol français. Ceux que la nature avait destinés à être nos concitoyens, sont nos ennemis et le fléau de notre commerce. La contenance d'un corsaire arrêté dans le cours de ses rapines est bien différente de celle d'un m a r c h a n d dépouillé de ses richesses, et détourné d u but de son utile expédition. C e navigateur innocent, victime des dures lois de la guerre, cède sans résistance. U n jour lui enlève les biens légitimement acquis par les travaux de


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