CHAPITRE IX. que fait votre
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pays. Nous laissâmes aller ce
navire. Peu de jours après, nous en arrêtâmes u n autre venant de Boston, et il fut moins heureux. Ses papiers portaient qu il pourrait courir sur tous les navires français qu'il rencontrerait et les capturer. Celui-ci n'avait pas une once d e poudre ; mais cette formule hostile détermina notre capitaine à le traiter en ennemi. L'équipage fut mis sur la Sirène; et c o m m e la prise était de fort peu de valeur, on la brûla, après en avoir tiré quelques rafraîchissemens.
De
notre bord , les prisonniers contemplaient les flammes
qui consumaient leur fortune. Navi-
gateurs paisibles et désarmés, ils nous disaient : « Quel
mai pouvions-nous
vous faire? Quel
» avantage tirez-vous de notre ruine? » Ils étaient d'un pays o ù j'ai tant d'amis, o ù vous êtes née, et je les voyais dans le malheur au m o m e n t o ù le mien finissait. Je m'approchai d'eux, je leur dis qu'ils seraient bien traités et mis sur le premier navire neutre que nous rencontrerions. Le capitaine de la frégate s'empressa de seconder nos bonnes intentions. Les sondes et la m e r nous indiquent la proximité de la terre; notre impatience ne peut se concevoir. Nous voilà au m o m e n t de revoir nos familles, nos amis , après cette longue et cruelle