CHAPITRE
IX.
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il quittait notre case, une longue-vue sous le bras, et s'acheminait vers des rochers voisins, contre lesquels leflotvenait se briser. II montait sur le plus élevé, et sa vue parcourait l'Océan. Il revenait bientôt, et, pendant que nous déjeunions , il m e racontait les nouvelles apprises dans sa promenade, et les découvertes qu'il venait de faire : c'était le passage d'une goëlette , l'apparence d'une voile inconnue, les m a n œ u vres équivoques d'un navire a m i ou ennemi ; c'étaient quelquefois des coups de canon qui indiquaient u n combat en m e r ; ou enfin il m e rapportait les conjectures des autres déportés ; carlui et m o i n'étions pas les seuls curieux. Mais la lunette ne lui faisait point découvrir le vaisseau libérateur. J'étais resté tranquille à la case, et, après toutes ses courses, il n'était pas plus avancé que moi. Le
16 nivôse an VIII (6 janvier 1800 ) , à
midi, nous vîmes accourir plusieurs colons. « O n signale un grand navire, nous crièrent-ils ; il est français et porte pavillon carré au grand m â t ». Nous allâmes en hâte au rivage; nous vîmes ce bâtiment mouiller près d u malingre, à l'Enfant-Perdu, à quatre lieues de Cayenne : c'est le mouillage des bâtimens qui tirent trop d'eau pour entrer dans le port. Nous n'étions pas sans inquiétude, et deux