Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE IX.

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ne bougeaient pas, les grenadiers eurent ordre de mettre en joue. Aussitôt les séditieux s'enfuirent, et il ne resta aucune trace d u tumulte. O n fut bien convaincu qu'il aurait été facile à l'agent de le faire cesser, puisque, sans son intervention , dix h o m m e s y étaient parvenus aisément. Laffon et m o i , nous étions ennemis de toute intrigue; nous avions long-temps pensé q u e , m ê m e dans notre état d'oppression, nous devions nous abstenir avec soin de tout ce qui pourrait compromettre nos amis et nous-mêm e s ; mais la crise était arrivée à son dernier période ; nous ne pouvions plus en retarder les effets, et dans ces circonstances plusieurs colons vinrent nous trouvera c'était le 18 brumaire an VIII ( 9 novembre 1799 ) , ce jour m ê m e où le directoire de France tombait sans vie pour faire place à une autre autorité. Cette coïncidence des deux journées ne nous fut connue que deux mois après, et aucune combinaison ne pouvait faire à Cayenne pressentir ce changement soudain. Mais ce n'était plus pour nous le temps de délibérer. E n révolution, délibérer et succomber, c'est se rendre coupable envers le parti qui triomphe. Nous étions proscrits, impuissans, surveillés et gardés à vue; mais notre Vie publique n'était u n secret pour personne, et


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