Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE

IX.

secret le bataillon noir; mais, en pareille circonstance , l'irrésolution d'un chef est le présage de sa défaite. Les blancs, avertis de l'imminence d u danger, visitèrent dans la nuit d u 1 8 au 19 brumaire la caserne des noirs. O n les trouva habillés ayant leurs armes chargées. Ils furent désarmés; mais, dès le point d u jour, les nègres des habitations commencèrent à se déclarer. O n les vit arriver de tous côtés à la ville. Les plus turbulens parcouraient le faubourg et appelaient leurs compagnons. Ils se rassemblèrent en grand n o m b r e sur la place, devant la maison de l'agent. Ils s'étaient emparés de six canons de campagne , et n'avaient jusqu'à ce m o m e n t éprouvé aucune résistance. Leurs émissaires, répandus dans les quartiers, s'écriaient : « Ar» mez-vous promptement, courez à la place de » Cayenne ; on tue nos frères, on veut nous re» mettre en esclavage. » L a plupart des mutins étaient sans armes ; quelques-uns d'entre eux avaient des sabres et des fusils. Les colons c o m prirent qu'il fallait, par une résolution décisive, mettre fin à l'incertitude. Les soldats, i m p a tiens, demandaient qu'on leur permît de reprendre leurs canons. Dix grenadiers, conduits par le capitaine, marchèrent contre les nègres , dont le n o m b r e surpassait deux cents. L'officier leur c o m m a n d a de se disperser; et c o m m e ils


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