Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE VII.

vation. Aussi long-temps q u e les sociétés tendent à une plus grande perfection, les h o m m e s y deviennent de jour en jour meilleurs. Ils ne se corrompent que q u a n d la société rétrograde, et la plus heureuse et la plus florissante est celle o ù il y a plus de lumières et de vertus; la plus ignorante est aussi la plus malheureuse et la plus corrompue. O n ne peut vivre parmi les Indiens sans se rappeler les paradoxes de ce philosop h e trop chagrin qui a tant exalté ces peuples barbares. Ses talens l'eussent porté sans doute au Corps législatif, s'il eût vécu jusqu'au temps présent. 11 ne pouvait guère m a n q u e r d'être déporté à la G u y a n e , et il reconnaîtrait combien l'homme civilisé est supérieur à l'homme sauvage. Plus o n voit l'intérieur des ménages

indiens ,

moins ces peuples semblent heureux.Ilsont peu de besoins, il est vrai; mais ils ont aussi p e u de jouissances. Q u a n d leurs sociétés ont atteint u n certain degré de population , elles s'y arrêtent et ne prennent plus d'accroissement ; elles diminuent m ê m e tous les jours dans le voisinage des blancs , auxquels ils sont hors d'état de résister. Privés de presque toutes les choses qui font aim e r la vie, les sauvages y sont peu attachés. Ils se soignent dans leurs maladies de manière à être guéris o u emportés en deux jours; des traitemens réguliers et lents leur sont odieux. J'en vis u n se


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