Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE VII.

par a u c u n voyageur, et qu'on m'assure être c o m m u n à la plupart des tribus galibis. Il arrive très-rarement, dit-On, qu'un gendre adresse la parole à son beau-père ou à sa belle-mère : s'il a quelque chose à leur dire , sa f e m m e est l'intermédiaire de toutes les communications ; à son défaut, les enfans, o u m ê m e des étrangers, portent la parole. Cet usage est observé par quelques-uns avec tant de rigueur, que, pendant les maladies de la f e m m e , la belle-mère sert le gendre. Ce service est toujours silencieux. Elle dépose son dîner, sa boisson près de son h a m a c , et se retire sans avoir ouvert la bouche. U n seul Indien m'a d o n n é u n e explication satisfaisante de cet usage. L'ivresse, m'a-t-il dit, occasionerait des rixes fréquentes, des querelles, des meurtres même

dans les familles , si le beau-père et le

gendre communiquaient librement q u a n d ils sont dans cet état. L'intervention de la f e m m e , fût-ce m ê m e q u a n d ils sont parfaitement sobres, r o m p t cette communication et prévient les accidens. L a bru c o m m u n i q u e et parle en toute liberté à son beau-père et à sa belle-mère, parce que les inconvéniens ne sont pas à craindre. Livrés à ces penchans crapuleux et à des passions q u e l'ordre et la raison réprouvent, libres d u joug salutaire des lois, on ne peut dire q u e chez eux les m œ u r s en tiennent la place. Ils n'ont q u e des usages ,


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