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CHAPITRE
VII.
M o n complaisant lecteur t o m b a malade;
heu-
reusement sa maladie fut de courte durée. Je m e souvins, pendant son absence , de ce chauffeur que l'abbé Brotier m'avait dit être doué d'un esprit naturel. Je m'imaginai q u e je pouvais tirer quelque parti d'un entretien avec Cet h o m m e .
Je surmontai u n
peu de répu-
gnance, et je lui fis connaître q u e je causerais volontiers avec lui. Il vint de b o n matin, et il m e fut facile de le disposer à quelque confiance. L'entretien fut assez long, et cependant ce que j'obtins se réduisit à ce peu q u e je vais vous dire. Je désirais de savoir s'il avait quelques notions de l'obéissance qui est due aux lois. Ses réponses furent une suite de sophismes inconciliables avec l'état social. « Je suis marié, m e dit-il; j'ai voulu «travailler ; je n'ai point trouvé de travail, o u il » n'a jamais p u suffire aux besoins de m e s enfans »et aux miens. Il m'a donc fallu chercher les «moyens de vivre sans rien faire; car, vivre est le «premier besoin. Je l'ai satisfait en suivant m a «conscience, c o m m e vous suivez la vôtre ; c o m m e «le directoire lui m ê m e a cru aussi remplir u n » devoir de conscience en envoyant trois cents «prêtres innocens
périr ici de
misère et de
» chagrin.» 11 débitait cette doctrine d'un ton sentencieux et persuadé. Les devoirs sociaux les simples plus étaient des abstractions au-dessus