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C H A P I T R E
VI.
née à de jeunes militaires se consolant de leurs arrêts par des déjeuners et des chansons. 0
vanité des jugemens h u m a i n s ! cette folie
apparente était u n acte de grande sagesse. O n apprit, u n matin, q u e «les neuf Belges et quatre autres ecclésiastiques aussi déportés avaient pris la fuite. L a pirogue fut achetée, les vivres, les effets embarqués pour ainsi dire publiquement . car l'embarcation était à l'ancre a u bas de leur jardin. Le 11 m a i
1799, ils firent voile de chez eux
sans a u c u n e m p ê c h e m e n t , très-commodément m ê m e , et aussi paisiblement q u e des caboteurs naviguant pour leurs affaires; en u n m o t , sans aucune de ces précautions prises par Barthélemy et les c o m p a g n o n s de sa fuite. 11 fallut cependant faire u n peu de bruit. L e poste fut en m o u v e m e n t ; u n habitant fut arrêté; mais on lui rendit la liberté p e u de jours après. O n poursuivit par terre des h o m m e s qui fuyaient par mer. Bientôt on ne parla plus ni des Belges, ni de leur départ, qui ne fut jamais appelé fuite. Celui qui les avait si bien servis ne l'avait point fait gratuitement. L a veille d u départ, il d o n n a connaissance de ses conditions à Laffon et à moi. Elles n'étaient pas au-dessus de nos facultés, car jamais l'argent ne nous a m a n q u é . Il ne s'attendait pas à nos refus, et, se trompant sur