Journal d'un député non jugé, ou déportation en violation des lois : Tome I

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CHAPITRE

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I .

répondit que sous peu de jours ils seraient mis plus au large. Ils ne comprirent pas d'abord le sens de cette ironie barbare; mais, le 11 mars, la garde fut augmentée , et lorsque, sur le soir, ils ouvrirent leurs fenêtres pour renouveler l'air, une sentinelle leur cria : « Fermez! ou je fais « feu. » Ils répondirent : «L'infection nous tue. » Le soldat répéta sa menace, et tira au m o m e n t où on lui obéissait. Le lendemain, au point du jour, le geôlier leur annonça qu'ils allaient être embarqués. Il y avait deux sexagénaires très-infirmes, Épau et Piclet. Les officiers municipaux les firent jeter sur deux charrettes, avec le bagage des autres déportés. Les soldats chargés de l'exécution murmuraient. Le commissaire Boichot, craignant un m o u v e m e n t , fit ramener les deux malades en prison. Ce commissaire eut connaissance d'un ordre qui exceptait de la déportation quelques autres individus. Il ne voulut pas l'exécuter, disant qu'il ne lui était pas adressé, et qu'au surplus, ceux que cet ordre concernait pourraient le faire valoir à leur arrivée à la Guyane. Le jour de l'embarquement, une troupe arm é e et nombreuse conduisit les prisonniers au port. Ils furent mis sur la frégate la Charente, destinée à les transporter. Les chambres n'étaient pas assez spacieuses pour recevoir tant


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