Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 83 ) le rivage , les brag tendus vers nous ou levés vers le ciel ; ces cr is de désespoir, ces adieux achevèrent de briser nos cœurs. L'honnête capitaine Brachet, qui commandoit la goëlette, ht de son mieux pour adoucir l'amertume de cette séparation ; il nous prodigua ses soins, et les rafraîchissemens dont il s'était muni ; il paraissait si dévoué à nous servir, que je ne doute pas que. si nous lui eussions proposé de nous sauver, il ne t'eût fait. On ne nous a voit donné d'autre escorte que trois hommes et un capitaine; le bâtiment n'étoit manœuvré que par quatre; matelots et un maître , qui vraisemblablement ne se seraient pas défendus. Nous étions seize, et la chambre de l'arrière où l'on nous avoit placés, étoit remplie d'armes éparses çà et là ; mais cette bonne pensée ne vint à aucun de nous; nous étions résignés à subir notre destinée. On nous avoit encore bercés de celte idée, que le canton de Sinamary étoit, sinon le plus peuplé, du moins le plus sain, et l'un des plus fertiles de la colonie: nous devions y trouver tout en abondance, et y jouir enfin de notre liberté. La rivière de Sinamary se trouve à trente lieues à l'orient de

l'isle de Cayenne ; les

vents et les courans nous servoient : nous avions levé l'ancre à midi, et nous mouil-


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