Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 77 ) Nous le vîmes arriver vers quatre heures du soir dans sa chaloupe, et nous dûmes frémir. Comme c'est à la suite de ce dîner que notre perte fut résolue, les détails que nous en avons appris méritent quelque attention. Pendant que Jeannet lisoit attentivement ses dépêches, Laporte ajoutoit au texte les plus perfides commentaires, et il étoit soutenu par des conseillers plus perfides encore: « Ces scélérats que j'ai amenés, disoit-il, » avoient déja allumé la guerre civile en » France , où ils massacraient impunément » les républicains : nous étions tous vendus M aux princes, nous voulions tous proclamer » le roi; nous espérions encore renouer la » partie; nous nous étions ménagés des intel» Jigences à Cayenne, et nous avions les » moyens de faire une révolution en faveur M de Louis XVIII : le directoire, ajoutoit» il, en étoit informé.» Ces calomnies, qui fermoient la bouche aux honnêtes magistrats qui se trouvaient à ce dîner , enhardissoient les révolutionnaires, qui n'attendoient pas que l'agent général se fût expliqué pour éclater contre nous. Jeannet se défendoit encore, et sembloit capituler avec sa conscience. Il parcourait


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