Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 71 ) » soin que vous soyez pourvus de vivres » et de rafraîchissement. Comptez que tant » que je pourrai agir d'après ma volonté, » vous aurez lieu d'etre contens. » Il se retira sans donner aucun ordre , aucune consigne qui pût nous gêner , sans nous défendre même d'aller en ville. Un changement si subit dans notre situation, les soins compâtissans de ces bonnes sœurs, la saveur des alimens frais et des fruits , nous rendoient à l'existence ; nous ne doutions point qu'après notre entier rétablissement, on ne nous laissât, aux termes de la loi du 19 fructidor, entiérement maîtres de disposer de nos personnes. Nous étions confirmés dans cette certitude, par l'esprit même des rapports mensongers que nous avions lus, et dans lesquels les orateurs de la minorité triomphante dans les deux conseils s'efforcoient de dissimuler à leurs collègues subjugués l'injustice et la barbarie d'une proscription en masse , en la représentant comme un simple exil. J'entendis plusieurs de nos compagnons , particulièrement Lafond , regretter de n'avoir point auprès de lui sa femme et ses enfans, pour s'établir volontairement dans cette colonie , qui paroissoit jouir d'une tranquillité depuis long-tems bannie de la métropole,


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