Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 64 ) sonniers de la i'ossë aux lions. — Le mousse bordelais, malgré nos prières etnos menaces, nous apportait toujours le baquet de feves noires si mal-propres que nous ne pouvions y toucher. Un jour que Pichegru , pressé par la faim, attendoit avec impatience cette grossière pâture, le mousse arriva avec le baquet presque couvert de cheveux ; Pichegru ne put se retenir, et repoussa le mousse qui tomba dans le baquet, et s'étant brûlé jeta les hauts cris , appela au secours ; Pichegru s'accusa : nous ne voulûmes point convenir qu'il lut seul coupable : le capitaine nous fit mettre aux fers tous les quatre, et même pendant les deux premiers jours avec les deux pieds. Nous souffrions beaucoup; nous étions enchaînés depuis six jours , et le capitaine ne paroissoit pas disposé à nous dégager, lorsque le seul motif qui puisse agir sur les hommes criminels, la crainte, l'y força. Depuis la prise du vaisseau portugais, l'équipage étoit mécontent de l infidélité du. capitaine dans le partage ; quelques matelots murmuroient tout haut : la pitié pour notre sort se joignoit â leurs plaintes : nous étions mêlés avec eux au gaillard d'avant. Ils avoient sous leurs yeux des généraux chargés de fers; Pichegru sur-tout fixoit leur attention , redoubloit leur intérêt. Le septième


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