Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 46 ) pensables pour ne pas empoisonner nousmêmes celui que nous respirons, nonseulement vous nous ferez périr en trèspeu de jours, mais vous mettrez la peste clans votre bâtiment, et vous perdrez votre » équipage. —Eh bien, dit le capitaine en » se retirant, je verrai ce que je pourrai » faire, quand nous aurons perdu de vue » les côtes de France. » A midi on nous apporta encore un biscuit pour chacun, et on mit au milieu de nous un baquet rempli de gourganes, espèce de grosses fèves cuites à l'eau, sans le.moindre assaisonnement. Ainsi fut réglée la ration,

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la seule nourriture qui nous ait été distribuée pendant tout le voyage. Deux mousses étoient chargés de cette distribution. Celui qui servoit nos compagnons se nommoit Aristide : c'éloit un fort joli et fort bon enfant; le nôtre, au contraire, étoit laid et méchant. Le caractère de ces enfans, les seuls individus qui pussent communiquer avec nous, importoit à notre sort. Aristide eut beaucoup de part aux; rares consolations que nous éprouvâmes Ce bon petit Aristide! Tel fut notre établissement sur ce cercueil flottant, qui nous arrachoit à la France, et nous portoit sur une terre inconnue. A peine fûmes nous à la haute mer, que


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