Journal de l'adjudant-général Ramel

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bons paysans, dont la plupart n'étoient armée que de piques, que nous pouvions aller jusque sur la chaussée , sans être suivis ni observés par les sentinelles. Nous n'étions qu'à une portée de fusil de la forêt. Quelquesuns proposèrent de profiterd'une occasion si propice , et je fus de cet avis. Je n'aurois pas voulu abandonner un seul de mes compagnons d'infortune , mais je désirois vivement qu'ils se décidassent à s'échapper. Malheureusement ils ne purent s'accorder. Tons les membres du conseil des cinq-cents vouloient s'évader, tous ceux du conseil des anciens s'osbtinoient à rester. « Il n'étoit pas possible, disoient ceux-ci , que la nation n'ouvrit les yeux , et qu'on ne finit par leur accorder des juges.—Eh !n'êtes-vous pas jugés, condamnés , «abandonnés ? répondoient leurs collègues. Profitez d'un moment qui ne reviendra peut-être jamais. » Willot qui connoissoit le pays pour y avoir fait la guerre , insistoit vivement, et s'offroit à nous conduire. Marbois déclara qu'il aimoit mieux subir son sort, que de donner des armes contre lui. Tronçon-Ducoudray dit positivement qu'il croyoit devoir à sa patrie et à ses commettans , tout ingrats qu'ils étoient, de conserver son caractère, et d'attendre dans les fers le moment de sa justification. Quant aux agens du


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