Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 26 ) nous les remerciâmes affectueusement; mais le souvenir de leur action généreuse, consigné dans nos cœurs, a souvent soutenu notre constance. Nous aurions pu nous évader à Orléans, non par le secours de ces généreuses dames, mais par celui d'autre personnes dont on chercheroit vainement les noms, et qui se dévouoient pour nous sauver; nous écartâmes d'un commun accord cette proposition. Je ne sais par quel aveuglement la plupart d'entre nous, et sur-tout les membres du conseil des anciens auroient cru dans ce moment manquer à leur caractère s'ils eussent essayé de se soustraire à leur supplice. Le 25 (11 septembre,) on nous traîna d'Orléans à Blois. Nous apperçûmes en arrivant un rassemblement considérable de bateliers. Les voitures furent assaillies : le capitaine Gauthier qui commandoit la cavalerie de l'escorte, repoussa les misérables qui conduisoient cette émeute ; nous remarquâmes dans le peuple des impressions bien différentes. «Les voilà,cr ioit-on,les voilà ces scélérats qui ont tué le roi ; voilà ses assassins ; ils nous ont accablés d'impôts; ils mangent notre pain ; ils sont la cause de la guerre. » En un mot, toutes les injures que le peuple eût justement adressées aux tyrans, furent aveuglément prodiguées à leurs victimes. On nous logea dans


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