Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 22 ) Barbé-Marbois paroissoient épuisés. Nous fûmes surpris de voir qu'au lieu de nous donner un gîte commode où nous puissions réparer nos forces , le commandant Dutertre nous conduisit à une obscure et sale prison ; il observoit notre contenance au moment où l'on nous faisoit descendre des voitures pour entrer dans une espèce de cachot : furieux de ce qu'aucun de nous ne paroissoit affecté de tant de rigueurs : « Ces scé» lérats , s'écria-t-il, ont Pair de me braver; » mais nous verrons si je viendrai à bout de » leur insolence. » J'étois déja couché sur la paille avec plusieurs de mes compagnons : Barthélemy debout, élevoit ses mains vers le ciel, lorsque Barbc-Marbois qui étoit trèsmalade , arriva , et reculant d'horreur à la vue et à l'odeur méphytique du souterrain, dit à Dutertre : « Faites-moi fusiller sur-le» champ , et épargnez-moi les horreurs de » l'agonie. » Celui-ci en souriant, fit signe au geolier de faire sa charge. La femme du geolier dit alors à Marbois avec imprécation : «Tu fais bien le difficile, tant d'autres qui te valoient n'ont pas fait tant de cérémonie. » En achevant ces mots , elle prit Marbois par le bras , le précipita du haut en bas , et malgré nos cris , et ceux du pauvre blessé , cette furie ferma la porte : nous relevâmes dans


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