Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 19 ) travers une haie de soldais qui nous insultoient. Quelques-uns même d'entre nous furent maltraités ; nos domestiques, parmi lesquels étoit mon pauvre Etienne , le visage balafré de coups de sabre, n'avoient pas quitté la porte de la prison , et ils épioient le moment de notre départ pour nous dire adieu; mais ils furent repoussés et frappés par les soldats qui crioient : ((Ce n'est pas-là » ce qu'on nous avoit promis; pourquoi les » laisse-t on aller? pourquoi emportent-ils » des paquets ? » Augereau, voyant notre sécurité, ne pouvoit contenir sa rage; il la fit éclater par un trait qui mérite d'être conservé. Letellier, domestique de Barthélemy, accourut au moment où l'on nous mettoit sur les chariots; il étoit porteur d'un ordre du directoire qui lui permettoit de suivre son maître; il remet cet ordre à Augereau qui lui dit après l'avoir lu : « Tu veux donc as» socier ton sort à celui de ces hommes qui sont » perdus pour jamais; quels quesoient les évè» nemens qui les attendent, sois sûr qu'ils n'en » reviendront pas. Mon parti est pris , ré» pond Letellier : je suis trop heureux de par» tager les malheurs de mon maître. Eh bien! » va, fanatique, périr avec lui, réplique Au» gereau,en ajoutant: Soldats, qu'on surveille » cet homme d'aussi près que ces scélé-

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