Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 168 ) roit les moyens , de manière à ce que je ne courusse pas le danger d'être pris. Le 2 octobre , deux jours après notre arrivée à Londres, nous avions rendez-vous chez M. Wickam , lorsqu'en y entrant , nous nous nommâmes pour nous faire annoncer. Un homme , ou plutôt un squelette que nous avions remarqué dans un coin de la salle , étend les bras vers nous , se lève et s'écrie: « Ah! mes amis, vous êtes sauvés , » tous mes maux sont finis , tous mes mal» heurs sont oubliés. » Il s'avance avec peine, nous l'entourons.«Je suis Tilly, » dit-il.Tilly, Tilly , notre libérateur ! et nous n'avions pu le reconnoître, tant il étoit défiguré. Nous restâmes quelques instans confondus dans les bras les uns des autres, sans pouvoir nous parler; nous arrosions ses mains de nos larmes. « Hélas! dit-il , ni moi non plus; si » vous ne vous étiez nommés, je n'aurois pu » vous reconnoître.» Nous nous pressions réciproquement de questions ; il voulut d'abord être instruit de notre sort, et de celui de son brave Barrick ; il satisfit ensuite à notre empressement à-preu-près en ces termes : « On reçut, nous dit-il, à Cayenne, le » 5 juin , la nouvelle de votre évasion ; la » joie fut universelle et si vivement mani» festée , que Jeannet n'osa pas heurter l'opi-

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