Journal de l'adjudant-général Ramel

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) ville Lopp: Pichegru et Dossonville étoient aussi mal que moi : nous étions tous les trois dans la chambre du capitaine , et nous ne fûmes en état de nous parler pour la première fois , que vers la fin du mois d'août. Nous devons tous les trois notre existence au courage et aux soins du capitaine Lopp. Jamais on ne fit d'une manière plus simple un si grand sacrifice. Il ne nous quitta pas un seul instant , malgré la contagion de la fièvre jaune , plus redoutée et plus redoutable que la peste ; il couchoit dans la même chambre que nous , veilloit lui-même aux soins pénibles et dégoûtans qu'exigeoit notre situation. Lorsqu'après notre long délire , nous apperçûmes pour la première fois ce héros de l'humanité , nous ne pouvions ni concevoir , ni admirer assez une si haute vertu ; jamais nous ne pûmes obtenir de lui qu'il s'éloignât de nous, et songeât à sa conservation, après avoir assuré la nôtre. Depuis le trente-sixième jusqu'au cinquantième dégré, nous eûmes une affreuse tempête, pendant laquelle nous vîmes périr quatre bâtimens dn convoi, et la flûte l'Etrusio , qui s'engloutit après avoir perdu tous ses mâts. J'élague les détails de notre fatiguante navigation , qui dura soixante-quatre jours. L 5


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