Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 140 ) Le soir, le tems redevint obscur ; nous eûmes encore à travailler une partie de la nuit, pendant la marée, pour conserver la pirogue, n'ayant aucun autre moyen pour la fixer : comme les tigres nous approc hoient beaucoup, nous ranimâmes notre feu, et nous passâmes ainsi le reste de cette seconde nuit depuis notre naufragé , et la septième depuis notre évasion. Le 1ο juin , au point du jour, nous apperçûmes au loin un vaisseau , que Barrick reconnut pour étre corsaire anglais. Nous étions blottis sous des arbres où nous avions fait une espèce de cabane : j'en sortis à six heures du matin pour examiner le tems, et notre pirogue. J'avois à peine fait quelques pas en me traînant, que j'apperçois sur le rivage à environ deux cents pas deux hommes armés, qui venaient vers nous: j'accours, et crie. Voila des hommes ; tous nos malheureux se lèvent à la fois. Barrick, qui é:oit le plus malade, à cause des piqûres des moustics de Sinamary, Barrick s'élance; je lui montre les deux hommes ; il part comme un trait; nous nous cachons pour ne pas effrayer par le nombre. En voyant accourir le pauvre Barrick, qui n'àvoit plus figure humaine , les deux soldats s'arrêtent et le couchent en joue : il


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