Journal de l'adjudant-général Ramel

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(3) nus , l'affreuse vérité : bien loin d'y rien ajouter, j'éviterai même les plus simples réflexions; en retraçant ces funestes images, je repousserai les ressentimens qu'il leur seroit permis de réveiller. Mon cœur est trop plein des malheurs de ma patrie, des infortunes de ma famille , et de la situation affreuse où j'ai laissé plusieurs de mes compagnons d'infortune, pour que la haîne et la vengeance puissent y trouver place. J'étois , depuis 1792, adjudant-général de l'armée du Rhin, sous les ordres du brave général Dessaix,et spécialement chargé du commandemènt du fort de Kehl, assiégé par le prince Charles, lorsque je reçus du directoire l'ordre de me rendra à Paris pour y prendre le commandement de la garde du corps législatif, auquel le choix des deux conseils m'avoit appelé. Ce corps de grenadiers d'abord composé d'un bataillon de huit cents hommes venoit d'être porté à deux bataillons de 6oo hommes chacun. Le fond de ce corps étoi t celui des grenadiers de la convention. Il suffit de se rappeler l'époque à laquelle i1 fut formé pour juger de l'esprit qui y régnoit, et de la nécessité d'une réforme ; j'y travaillai sans relâche. La nouvelle for mation, et le complètement par d'excellens grenadiers choisis dans toutes les armées , m'en donnèrent les


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