Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 130 ) et je vais droit au sentinelle, ( c'étoit ce misérable tambour qui nous avoit tant tourmentés); je lui demande l'heure qu'il est. Il fixe les étoiles. Je lui saute à la gorge . Pichegru le désarme; nous l'entraînons en le serrant pour l'empêcher de crier : nous étions sur le parapet : l'homme se débat fortement, nous échappe, et tombe dans la rivière. Nous rejoignons nos camarades au pied du rempart, et n'appercevant personne clans le corps-de-garde, nous courons y prendre des armes et des cartouches ; nous sortons du fort, nous volons à la pirogue. Barrick étoit là : il vient au-devant de nous, il nous aide , il nous porte dans la pirogue; Barthélemy, infirme et moins agile que nous , se laisse tomber, et s'enfonce dans la vase; Barrick le saisit d'un bras vigoureux , le retire, le met dans la pirogue. Le cable est coupé, Barrick tient le gouvernail : immobiles, silencieux, nous nous laissons aller au fil de 1 eau ; les courans et la marée entraînent le léger esquif : nous écoutons, et n'entendons que le murmure des eaux et la brise de terre, qui bientôt enfle notre petite voile. Nous cessons de voir le tombeau de Sinamary. Quand nous approchâmes de la redoute de la poinle qu'il falloit passer, nous ame-


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