Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 127 ) promenades avec eux n'avoient été déja que trop remarquées. Tilly ne se rendit encore qu'avec peine à cette dernière considération; il nous quitta pour aller s'exposer à de plus grands dangers que nous, et porter tout le poids de la fureur de Jeannet, soit que cous fussions assez heureux pour nous échapper, soit que nous eussions le malheur d'être découverts et arrêtés avec Barrick. Tilly ne songeoit qu'à nous, et s'il nous savoit une fois arrivés à Surinam , il lui importoit peu ce qu'on feroit de lui. Quels adieux ! Qui de nous osa se flatter de te revoir, incomparable Tilly? Barrick disparul à l'instant, et se cacha dans les bois. Il fut convenu que le surlendemain, 3 juin, au coup de neuf heures, il se trouverait au bord de la rivière sous le bastion, et sauteroit dans la pirogue au moment où il nous verroit paraître; mais nous étions fort inquiets du sort de Barrick, qui fut presque dévoré par les monstres : il ne put se défendre des serpens et du terrible cayman, qu'en demeurant pendant trentesix heures perché sur un arbre, où il n'étoit point à l'abri des tigres. Le capitaine Poisvert avoit invité le commandant du fort à venir dîner, le 3 juin , à bord de la prise américaine : il voulait


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