Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 124 ) sans aucun détail ; la paix de Campo-Formio Tilly mit le comble à notre étonnement comme à notre indignation, en nous apprenant l'invasion de la Suisse. Barthélemy en fut sur-tout très-affecté. Enfin les violences commises envers les américains, dont il étoit lui-même la preuve trop évidente, achevèrent de nous convaincre que nos malheureux concitoyens étoient entiérement asservis , et qu'il n'y avoit plus de frein aux usurpations du directoire. La loyauté du capitaine Tilly, ses manières franches et ouvertes, l'intérêt qu'il nous témoignoit, et que nous pouvions supposer partagé par la généreuse et libre nation à laquelle il appartenoit, entraînèrent notre confiance. Nous lui communiquâmes notre projet; nous le conduisîmes sur le rempart , en feignant de nous promener. Nous lui montrâmes la pirogue ; il frémit : « Non , » non , messieurs, nous dit-il, ne vous ha» sardez pas jusques-là ; vous périrez certai» nement. Cette pirogue ne peut ni vous » contenir tous , ni vous conduire jusqu'à » Surinam ; croyez-en mon expérience, cela » ne se peut pas. » Nous lui répondîmes que nous étions résolus à périr , plutôt que de rester entre les mains des barbares ; qu'au reste nous ne faisions qu'aller librement au-


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