Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 123) intérêt étoit pour nous une diversion favorable. Mais quel fut notre étonnement, quand le capitaine Tilly vint vers nous sans témoins , et nous dit en fondant en larmes : « Hélas ! » c'est vons,infortunés!c'est vous queje cher» chois. Je vous savois ici; j'ai des nouvelles » de vos familles et de vos amis, des paquets » que j'ai cachés dans des b irds de farine, » auxquels je ne peux plus toucher; je ne » m'attendois pas à être attaqué par un cor» saire français ; je me suis laissé affaler sous » le vent de Cayenne, pour avoir un pré» texte de mouiller dans la rade de Sinamary » ou dans celle de Gourou , d'où j'espérois » lier avec vous des intelligences , et parvenir » à vous enlever : le ciel en a dispose autre» ment; je devois eue votre libérateur, je » suis prisonnier avec vous ; que puis-je fail e » encore pour vous servir » ? Qu'on juge de l'impression que durent faire sur nous, d ans de telles circonstances, les premières paroles du capitaine Tilly ! sa seule présence étoit pour nous un bienfait du ciel : c'étoit depuis notre emprisonnement à Sinamary , la seule personne qui eût pu communiquer librement avec nous, et nous donner des nouvelles sûres de notre malheureuse patrie,et de l'état général

de

affaires; nous avions appris,


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