Journal de l'adjudant-général Ramel

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( 113 ) au ciel, appeloit à grands cris sa femme et ses enfans. Ce supplice dura de vingt-cinq à trente jours; mon cœur se serre toutes les fois que je me rappelle ce triste spectacle : nous nous empressions autour des malheureux; Marhois sur - tout, ne quitta pas un seul instant son ami Ducoudray. Je n'oublierai jamais ce zèle ardent de l'amitié, ce courage avec lequel il surmontoit tous les dégoûts, le désespoir qu'on appercevoit dans ses yeux , au moment même où il soutenoit les forces de son ami. Tronçon-Ducoudray lutta avec toute Pénergie de son caractère. La veille de sa mort il se traînoit encore autour du carbet, appuyé sur un nègre. Il entra dans ma case» Je crois voir encore ce spectre ; il s'assit un instant sur mon hamac : « Je ne me flatte plus de » vivre, me dit-il ; mais, si votre projet s'exé» cute, et que je sois encore vivant, emportez» moi; je voudrois exhaler mon dernier soupir » hors de cette affreuse prison : mon cher » Ramel, emportez-moi, si vous pouvez. » Il me parla ensuite de ses deux amis, Dumas et Portalis, se félicitant de ce qu'ils avoient évité ce funeste sort, et me priant, si je les revoyois, de leur dire que sa dernière pensée H


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