Une erreur judiciaire : L'affaire Dreyfus

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AVANT-PROPOS

Quand, au mois de novembre 1896, j'exposai pour la première fois (1) les faits qui avaient amené la condamnation du capitaine Dreyfus, je rencontrai, chez ceux mêmes qui étaient assez disposés à admettre une erreur judiciaire, une certaine incrédulité. Il paraissait invraisemblable à tous qu'on eût, sans preuves évidentes, flagrantes, indiscutables, condamné un homme à la déportation perpétuelle. La vérité que j'apportais choquait l'opinion générale, et l'on préférait penser que, dans l'intérêt de celui que je défendais, j'avais dissimulé bien des choses. « Vous ne dites pas tout, » telle fut l'objection commune, propre à satisfaire les consciences qui n'osaient croire à mes affirmations. Je n'avais pas assisté au procès; je pouvais donc aux yeux des gens les plus bienveillants, ignorer les charges réelles qui avaient pesé sur l'homme dont, à Γ encontre de tous, je venais proclamer l'innocence. Mon attestation était récusable, et ceux qui ne m'accusaient pas de vouloir sciemment les tromper, me reprochaient de m'être laissé abuser. Ceux cependant qui connaissaient les moindres détails de (X) Voir : Une Erreur judiciaire. La vérité sur l'affaire Dreyfus. (Paris, 1896. V. Stock, éditeur.) 1


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