Une erreur judiciaire : L'affaire Dreyfus

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L'AFFAIRE

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taires de certaines puissances étrangères, il avait livré les graphiques de mobilisation et les fiches de concentration, communiqué des renseignements précis sur les armements nouveaux et la situation des troupes. On précisait même. 11 a vendu, disait M. Leser {Figaro du 4 novembre), « les documents ayant trait à la concentration des 14e et 15e corps d'armée sur la frontière d'Italie. » Il « connaissait les noms des officiers en mission, disait le Petit Journal, il les dénonçait et les signalait. Ces officiers déclarèrent qu'ils étaient trahis. On cacha désormais leurs noms a Dreyfus et ils réussirent dans leurs entreprises. On envoya alors M. Cochefert en Italie, il revint avec les preuves absolues. « L'Intransigeant donnait des noms : « Le ministre de la Guerre sait maintenant à n'en pas douter, annonçait-il, que c'est à Dreyfus qu'on doit l'arrestation de Mme Ismert, aujourd'hui détenue dans les prisons d'Allemagne, celles de MM. Degouy et Delguey, les deux officiers de marine récemment graciés par Guillaume 11, celle du capitaine Romani et de tant d'autres. C'est au point que la Gazette de la Croix publiait, il y a quelques jours, tous les noms des officiers français chargés de missions, non seulement en Prusse, mais en Italie et en Autriche. « Dans ce même numéro (8 novembre), M. Henri Rochefort rapportait une conversation qu'il avait eue avec un attaché du Ministère de la guerre de passage à Bruxelles. « Depuis longtemps,' disait cet inconnu, le ministre soupçonnait ce Dreyfus. Il est et a toujours été un espion. » « Dreyfus, qui pénétrait partout, ajoutait M. Rochefort, et que l'attaché avec lequelje causais connaît parfaitement, a livré a l'Allemagne non seulement les plans de mobilisation, mais, chose peutêtre encore plus grave, ce qu'on appelle « l'horaire », la marche des trains avec leur destination, le jour et l'heure où ils amèneront des troupes dans un endroit déterminé. « La Libre Parole prétendait tour à tour qu'il existait au dossier de l'affaire une correspondance du capitaine Dreyfus avec le major Schwartzkoppen, attaché militaire allemand, et qu'ils se rencontraient dans un café du boulevard Saint-Germain. Quant à l'Echo de Paris, journal dont les attaches avec le Ministère de la guerre sont avouées, il se piquait d'être plus précis encore. Selon lui (17 novembre 1894), en présence du général de Boisdeffre (que le capitaine ne vit jamais d'ailleurs, à


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