Une erreur judiciaire : L'affaire Dreyfus

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L'AFFAIRE

DREYFUS

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Enfin, le trait qui complète un mot, tel que la barre du « t », l'apostrophe, le point ou l'accent placés sur la dernière syllabe, et le trait par lequel le mot suivant commence, sont souvent faits, dans les écrits du capitaine Dreyfus, sans désemparer. On n'aperçoit rien de semblable dans l'écrit anonyme ; les occasions où ce phénomène aurait pu se produire sont cependant nombreuses. Les différences que j'ai relevées sont nettement caractérisées et très constantes. L'écrit anonyme, d'autre part, est visiblement tracé d'une façon très franche, à main courante ; il montre une homogénéité de typés parfaite. Dans ces conditions il est inadmissible que les différences soient l'effet d'un calcul, qu'elles soient voulues. On ne se défait pas, en écrivant, de ses habitudes, et on ne les remplace pas par d'autres d'une façon aussi parfaite, aussi constante, aussi régulière. L'habitude tend toujours à reprendre le dessus, et il en résulte, quand on veut fa réprimer, une lutte contre elle, qui se révèle par une absence de naturel, par de la raideur, par des hésitations et par des retouches.Or, on n'aperçoit rien de pareil dans la pièce de question. On ne voit pas, d'ailleurs, pourquoi on se serait efforcé de donner a une écriture déguisée un aspect naturel. Une semblable préoccupation se conçoit chez le faussaire, parce que l'absence de naturel suffit pour rendre son œuvre suspecte ; mais elle ne s'explique pas chez celui dont le seul souci est de ne pas se trahir. Enfin, introduire les différences relevées entre les « a » et les « ζ », mettre des points et des accents là où on les omet habituellement, piquer des points d'une façon inaccoutumée, se borner à créer la différence de longueur que fait voir la comparaison des lettres « q », et maintenir en même temps la façon de relier ce


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