Une erreur judiciaire : L'affaire Dreyfus

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L'AFFAIRE

DREYFUS

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Quand l'ampleur du mouvement a conduit la main des deux côtés de la ligne, comme dans les « f », les « j » ou les « ρ » de Dreyfus, le retour à la ligne est pour la main une tâche suffisante et elle n'est point portée à hausser les traits suivants ; aussi le plus long des « j » ou des « ρ » est suivi d'une lettre minime. Il en est autrement quand le trait agrandi surmonte tout entier la ligne ; il est naturel alors que le passage aux petits traits normaux ne se fasse pas brusquement et que l'amplitude du tracé subisse une diminution graduelle. C'est ce qui arrive souvent. Alors apparaît chez Dreyfus ce que les graphologues appellent le gladiolement : une série de lettres, des mots entiers même affectant la forme d'un glaive ou d'un coin.

Fig. 8. — Le gladiolement dans l'écriture de Dreyfus.

Le gladiolement est un des signes distinctifs de l'écriture de Dreyfus-, il y a surtout pour cause la tendance aux grands élans de la plume, mais aussi, comme dans la plupart des écritures gladiolées, la tendance à la réduction progressive de l'amplitude des mouvements. J'en donne quelques exemples saillants pour en faire comprendre la nature : le mot « occupera », dont les quatre premières lettres ont 4, 3, 2, 1 millimètre de hauteur, et les mot « aime, ceci, veux, dans, ma, une », ces trois derniers rapprochés de mots semblables extraits du bordereau. Ce ne sont là que des exemples ; l'observateur le plus inexpérimenté en découvrira par centaines dans les autographes de Dreyfus. Il n'est presque pas d' « m » ini-


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