Une erreur judiciaire : L'affaire Dreyfus

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L'AFFAIRE

DRΕYFUS

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RAPPORT SUR L'AFFAIRE DU CAPITAINE DREYFUS

EXPERTISE

GRAPHOLOGIQUE

Pur M. A.

DE ROUGEMONT

La question posée est de savoir si l'écriture du document incriminé est, oui ou non, celle du capitaine Dreyfus. Cette question ne peut se trancher du coup. Elle demande une étude sérieuse, car on ne peut nier qu'a première vue, l'écriture du bordereau ne frappe par un certain air de ressemblance avec celle des lettres authentiques du capitaine Dreyfus. Aussi, prévenu comme on l'est contre le « traître » Dreyfus, est-on tenté de s'écrier tout aussitôt : « Cela saute aux yeux, c'est bien lui le coupable. » Si, cependant, l'on jette un regard moins superficiel sur les documents en question, des doutes naissent, de nombreux points d'interrogation surgissent. On est comme forcé de se rendre compte que l'impression qui se dégage de l'ensemble de ces deux écritures n'est pas la même et qu'une même main ne peut les avoir tracées. Puis, à mesure aussi que l'on examine de plus près les détails, on est amené à constater que si ces écritures ont entre elles de certains points de ressemblance, les dissemblances ne laissent pas que de s'y faire voir en nombre bien autrement considérable encore. Il y a donc là un véritable problème, et des plus intéressants, pour ne pas dire des plus poignants, à résoudre.

Feu l'abbé Michon, une autorité de premier ordre en pareille matière, disait que, dans les cas du genre de celui qui nous occupe, il ne fallait pas s'arrêter aux ressemblances que l'on constate dans


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