Une erreur judiciaire : L'affaire Dreyfus

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L'AFFAIRE

DREYFUS

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XIII CONCLUSIONS

L'écriture de la pièce de question a un rapport apparent avec celle des pièces de comparaison. Cela détruit l'hypothèse que les deux sortes de pièces émanent du même écrivain qui aurait falsifié son écriture; car il est peu vraisemblable que voulant contrefaire son écriture on n'y introduise aucune forme étrange et déconcertante, ni aucune modification à l'ensemble des formes qui dénoncent immédiatement l'auteur. Cette écriture, si elle est de Dreyfus, est donc son écriture normale et naturelle, modifiée peut-être, et seulement, par une circonstance de temps ou de milieu. Dans ce cas, abondamment pourvus de pièces de comparaison comme nous le sommes, nous devrions trouver des similitudes certaines, caractéristiques, indiscutables. Ces similitudes font défaut et les dissemblances, au contraire, sont nombreuses et qualitatives. Est-ce que la pièce X est l'écriture naturelle d'une tierce personne? Cela peut se soutenir, mais ce n'est pas probable. Cette pièce n'est pas exempte de tares ; écrite en deux fois, avec des marques de contraction, elle m'inspire une forte méfiance. Si elle n'a pas de ressemblances profondes avec l'écriture de Dreyfus, elle y ressemble trop, superficiellement, pour ne pas reconnaître là une intention d'imiter son écriture. Et elle n'y ressemble justement que par ces trois ou quatre allures générales que les faussaires parviennent tout au plus à imiter. En conséquence je déclare, sous les réserves faites au paragraphe II au sujet de la pièce X : 1° Que l'écriture de la pièce de question n'a pas été tracée par l'auteur des pièces de comparaison ; 2° Qu'il est probable que la pièce de question a été faite avec l'intention d'imiter l'écriture de l'auteur des pièces de comparaison. Eouen, le 12 août 1897.

CRÉPIEUX-JAMIN.


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